Efficace, figurabilité, description
Efficace, figurabilité, description : trois thèmes placés au centre de la réflexion de
Louis Marin, trois notions que n’ont cessé de montrer leur productivité et leur
pertinence théorique dans le domaine actuel des recherches sur la textualité.
Dans l’un de ses derniers livres, consacré aux « pouvoirs de l’image », Marin
s’interroge une fois encore sur l’être de l’image, sur son être représentation, au sens
littéral de re-présentation, de quelque chose qui est là pour remplacer une chose ou
un être absent. Depuis Platon, la philosophie occidentale a attribué à l’image un
statut ontologique inférieur : un moindre être, un être second par rapport à la chose,
un être copie par rapport à l’original. Cependant elle n’a pu s’abstenir de relever le
pouvoir de l’image du point de vue pragmatique ; son être autre chose qu’une simple
copie : son être écran, reflet, illusion. Il faut chercher l’être de l’image dans son
efficace, dans sa capacité de susciter des effets sensibles, affectifs, « esthésiques » particuliers.
Nous rencontrons là un motif de réflexion décisif sur lequel nous devons
sans cesse revenir, à la recherche de ses articulations critiques et de ses éventuelles
fissures.