Actes semiotiques et monuments. Autour de la fontane de Trevi
Outre les fonctions et les modes de célébration et de mémoire liés à des faits et à des dynamiques spécifiques, le monument a une fonction fondamentale dans la construction de la ville en tant que texte. En particulier, il établit une lisibilité de la ville en fonction des différentes isotopies possibles: tout d'abord celle relative à l'identité. En ce sens, le monument et tous les rites et les cérémonies auxquels il donne lieu semble être un outil très utile pour l’auto-déscription et l'auto-reconnaissance des civitas autour de valeurs communes - d'autre part, il s’offre au regard du visiteur extérieur comme élément de reconnaissance de cette même identité. Cette « lisibilité » devrait être inscrite dans le monument lui-même, en tant qu’artefact sémiotique capable d'exprimer en synthèse la complexité des événements et des valeurs qui lui ont donné naissance. Mais son expressivité ne résiste pas toujours à travers le temps, comme le soulignait déjà Victor Hugo. Ensuite, le monument devient avant tout un objet qui a presque une fonction de ponctuation dans les chemins de la ville, un acte sémiotique public exposé au public, appelé à communiquer et à interagir avec lui. D'où une série de comportements à son égard, allant de la réutilisation plus ou moins respectueuse à la défiguration, sur laquelle il semble intéressant de réfléchir à cette occasion.